Fraternité • Egalité • Liberté

3 min readJul 14, 2021
La Fraternité guidant le peuple, par Zachary Nelson, ça fait plus envie qu’Eugène Delacroix

Difficile de saisir le sens d’un triangle, on ne sait jamais par quel bout le prendre. En revanche, dès qu’on en a saisi un coin, dès qu’on a posé l’ordre, l’importance des sommets va implicitement décroissante du premier au troisième.

Les trois termes de la devise française ont été ordonnés délibérément Liberté puis Egalité puis Fraternité. Liberté, premier droit de l’Homme, Fraternité, son dernier devoir ?

J’ai réalisé récemment à quel point l’esprit en serait différent si on inversait l’ordre : Fraternité • Egalité • Liberté

Donner la priorité ordinale à la Fraternité ancrerait son importance absolue, sa qualité primordiale de l’être humain, cet être grégaire conscient.

La Fraternité, au sens où toute personne peut voir en l’autre un enfant d’une même mère, un lien filial à la fois commun et unique, permet de percevoir le pont préexistant à toute relation entre deux êtres humains -et à partir de là entre deux peuples-, quel que soit le développement ultérieur de cette relation.

La Fraternité n’induit pas systématiquement l’amitié, mais elle garantit le respect, elle propose l’intérêt et la curiosité de l’autre, et par là l’éveil à soi.

Puis viendrait l’Egalité, condition impérieuse à la durabilité de la Fraternité, en même temps qu’elle en est une forme d’expression.

L’Egalité, invoquée jusqu’à l’ivresse depuis de nombreuses années mais dont la mise en oeuvre est tellement laborieuse. C’est pourtant si évident, le traitement égal des personnes à compétences équivalentes et contextes comparables, ça tombe sous le sens.

La Fraternité oblige à l’Egalité. Reconnaître l’autre comme semblable à moi, discerner ses différences tout en considérant nos racines communes m’invite à l’inclure dans une forme d’intimité, évidemment réciproque.

Si je parviens à concevoir l’autre comme une sorte de moi alternatif, une autre personne qui fait l’expérience de l’Existence, comme moi, intéressante au même titre que la mienne, plus rien ne justifie que je traite cette personne autrement que comme moi-même.

La Liberté enfin, capitale bien entendu, mais pas ce privilège de petit despote revendiqué à grands cris d’orfraie dès que survient un empêchement ou une contrainte.

Non, la Liberté comme un cadre souple et malléable, dont il fait bon sortir à l’envie, solidement étayée par la Fraternité et l’Egalité.

La Liberté devient alors droit et devoir d’innover, de créer, de rêver, de fonder, de grandir, en entrainant toute l’Humanité avec soi.

La Liberté devient alors devoir et droit de veiller sur soi, sur l’autre et sur chacun, et sur nos libertés communes, qui nous réunissent et qui nous permettent de préparer demain ensemble, de ces demains qui donnent envie d’être aujourd’hui pour profiter encore du chemin qui nous y emmène.

Je vous souhaite un heureux 14 juillet, je nous souhaite de retrouver la Fraternité qui aidera à faire taire bien des divisions stériles, de développer encore l’Egalité pour partager la joie d’être, et de jouir de notre Liberté.

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Georges de La Ville-Baugé
Georges de La Ville-Baugé

Written by Georges de La Ville-Baugé

French founder of OpenBubble, a conversation starter IRL and online

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