Débattre sans se battre : My Country Talks, partout en France le 23 novembre prochain

3 min readOct 15, 2024
Logo de My Country Talk © Die Zeit

Une jeune lesbienne et un vieux réac homophobe passent une heure à discuter ensemble, et finissent par s’enlacer d’une façon très touchante.

C’est l’une des images les plus émouvantes prises lors des premières éditions de Germany Talks.

Conçu par Die Zeit en 2017 en Allemagne, le concept devient My Country Talks et se propage dans le monde, pour devenir par exemple America Talks aux Etats-Unis, au côté d’autres initiatives similaires comme Braver Angels, qui visent à lutter contre la polarisation galopante dans le pays.

En France, les initiatives qui créent de la conversation sont nombreuses, parmi lesquelles OpenBubble, Black Elephant, La Maison de la Conversation, et bien d’autres.

L’idée est toujours la même, proposer à celles et ceux qui le souhaitent de se retrouver, majoritairement dans la vraie vie, parfois aussi en ligne, pour parler d’un sujet léger ou sérieux, à deux ou à plusieurs, toujours sous l’égide de la bienveillance et du respect réciproque.

L’idée de My Country Talks intègre ces fondamentaux, et ajoute un principe radical : chacune des deux personnes aura un point de vue très différent sur un sujet clivant, et c’est précisément de ce sujet dont elles vont parler.

Le but n’est pas de créer du débat ni que l’un « gagne » contre l’autre, mais de passer un bon moment ensemble, et d’écouter l’autre pour entendre les racines de ses convictions. C’est l’endroit où la Fraternité peut renaître, quand la division semble être devenue la règle. L’objectif est de rencontrer l’autre, au sens le plus profond, de le découvrir comme on s’attache à un personnage de roman, y compris quand on n’est pas d’accord avec lui.

Cela semble naturel, mais tellement gentiment désuet : La fameuse conversation de comptoir, qui porte peu à conséquence mais qui peut nouer de belles relations, parfois de solides amitiés.

La promesse d’Internet de nous rendre tous frères et soeurs a fait long feu. Ce n’est pas la seule cause, mais en 2024 la majorité d’entre nous ne trouve plus la paix qu’au milieu de ceux qui nous ressemblent. Les autres font peur, les autres sentent mauvais, les autres sont devenus les ennemis. On va se passer de citer Sartre, qui exclue toute possibilité de réunion. On va plutôt aller chez Desproges : « L’ennemi est con, il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ». Avec celle-ci, et avec beaucoup d’intelligence et d’amour, on a une chance de s’en sortir, de nous retrouver.

Admettons que nos convictions, nos idées, nos aspirations ne soient que les nôtres, et que tes convictions, tes idées, tes aspirations ne soient que les tiennes. Viens, on va s’asseoir, tu vas me raconter. Et je vais te raconter. Je ne vais pas chercher à te convaincre, pas plus que tu ne vas essayer de me convaincre. Mais chacun de nous deux va poser sur l’autre un oeil neuf, impossible à poser seul, ni avec aucun de ceux qui nous ressemblent. Justement parce qu’ils nous ressemblent. Alors viens, on va se parler. Viens me raconter toi, ça m’intéresse. Vraiment !

Merci La Croix, merci Brut. Vous allez nous offrir un très beau 23 novembre.

Information et inscription ici : https://www.brut.media/fr/fautquonparle

--

--

Georges de La Ville-Baugé
Georges de La Ville-Baugé

Written by Georges de La Ville-Baugé

French founder of OpenBubble, a conversation starter IRL and online

No responses yet